Retour au sommaire

Chapitre XIX

L'époque arthurienne

(compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

12

 

          Abrégé de l'épisode arthurien en Grande-Bretagne

            Le premier tiers du VIè siècle constitue le cœur de l'épopée arthurienne en Grande-Bretagne.

            Pourtant, malgré la colossale littérature qui a été publiée sur ce sujet, la trame réellement historique demeure encore aléatoire, et ceci en grande partie du fait de la main mise des mystiques et autres illuminés qui interprètent systématiquement par un soi disant merveilleux ce qui n'est en réalité qu'une tragédie bien réelle.

            C'est pourquoi il n'est guère possible pour l'instant de donner des précisions rigoureusement historiques, puisque les lieux , les dates, et même les identités et les origines des personnages font et feront encore pour longtemps l'objet d'empoignades épiques.

            En résumé, voici un schéma historique rapide que l'on peut toutefois élaborer.

            L'introduction des Jutes dans le sud-est de l'Ile et la perte d'une partie du Kent a constitué le départ d'un gangrène qui n'a fait que servir de révélateur à la discorde interne aux Britto-romains puisque, ce qui n'est au départ qu'une guerre étrangère se double aussitôt d'une guerre civile.

            Puis ce sont les Saxons qui ont pris la direction des opérations. La zone de conflit entre les Britto-romains et les Saxons concerne essentiellement le centre-sud de l'Ile, c'est à dire d'abord les parages du Solent, puis les territoires voisins de la grande île, autour et dans les plaines de Salisbury.

            Leurs renforts arrivent du nord de la Germanie par vagues successives, et à chaque arrivée correspond une avancée territoriale. Les premières villes importantes qui tombent aux mains des Saxons sont Noviomagus / Chichester, puis Anderita / Pevensey.

            En 508, nouvel arrivage, nouvelle bataille : les Saxons sont vainqueurs à Nazanleog, du nom d'un chef breton, Natan, qu'ils rebaptisent par la même occasion Cerdicesford = le gué de Cerdic, du nom de leur chef.

            En 514, nouveaux renforts commandés par des neveux de Cerdic , à savoir Stuf et Withgar.

            Cette fois, l'attaque est menée en profondeur puisque le choc a lieu près de Badon, où les Britto-romains, commandés par Arthur en personne, parviennent enfin à écraser l'ennemi, en en faisant, aux dire de certains textes, un grand massacre. L'alerte a été chaude, car nous sommes dans les parages de Corinium / Cair Geri / Cirencester, capitale de la province Britannia Prima. Nous sommes aussi non loin de la source de la Tamise.

            Mais trois ans plus tard, en 519, c'est une nouvelle défaite bretonne à Cerdicesford, et cette fois-ci, l'échec est grave car il est suivi, de toute évidence, de la chute de Venta Belgarum / Cair Guent / Winchester. C'était là qu'avait pris naissance la conscience nationale des britto-romains vis à vis du danger saxon. C'était là aussi que selon la Légende avait été créée la Table Ronde, c'est à dire l'assemblée des chefs de Bretagne. La chute de Cair Guent / Winchester est pour les Britto-romains une perte considérable, car désormais les Barbares tiennent toute la côte et l'arrière pays de l'embouchure de la Tamise jusqu'au Solent et contrôlent ainsi le trafic trans-Manche à l'est du Cotentin.

i

c

Extrait de : Britain in the Dark Ages

Ordnance Survey



            Londinium / Cair Lunden / Londres, n'est plus que le fantôme d'elle-même. L'administration est désormais inexistante. Les classes aisées sont parties. Il n'y reste que les pauvres qui, n'ayant pas la possibilité de fuir ou de trouver refuge ailleurs, n'ont pas d'autre solution que d'attendre le verdict final. C'est ce qui se produit vers 525. Cair Lunden est investie sans résistance par les Barbares. Il ne reste plus alors dans la ville que quelques miséreux groupés autour du cours d'eau principal, auquel d'ailleurs ils ont donné leur nom : Walbrook > Wealas brook = ruisseau des Bretons (au coeur de la City actuelle). Nous n'avons aucune indication sur ce qu'il est advenu de ces pauvres gens. On peut penser, compte tenu de la persistance du nom Walbrook, qu'ils ont été épargnés. Mais ceci n'est pas une preuve.

            Quant à Camulodunum / Cair Colen / Colchester, qui peut très bien être la Camaloth de la Légende, c'était une bien hasardeuse idée que d'y installer la capitale de la résistance bretonne à l'envahisseur germanique. Nous revivons en fait le même processus que lors de la conquête de la Bretagne en 43 par les Romains : la main-mise des attaquants sur la Tamise, à Londres, entraîne de facto la chute de Colchester. Même processus, même conclusion : Colchester tombe aux mains des Barbares très peu de temps après Londres. On en ignore là aussi les circonstances. On ne peut même pas affirmer s'il y a eu de la part des Britto-romains un baroud d'honneur .

            La ligne de contact entre Barbares et Britto-romains se déplace inexorablement vers le nord et l'ouest. Désormais, le centre névralgique se trouve à Legorencis civitas / Cair Leir / Leicester, promue capitale. Elle apparaît dans les Romans sous le nom de Logres, capitale du royaume de Logres. Les Gallois en ont fait Lloegyr = Angleterre.

            Dans la proximité de Leicester, qui se trouve sur l'ancienne route stratégique romaine connue sous le nom anglais Fosse Way, d'Exeter à Lincoln, on découvre d'autres noms de lieux de la Légende : le Sorelois correspond au pays de Mountsorel, la Forêt Bleue correspond à Letocetum / Cair Luit Coit / Lichfield, et le tout est en communication avec le North Galles par la route qui relie Leicester à la ville / forteresse Y Gaer / Chester.

            Au sud-est de la Bretagne romaine sont déjà constitués les royaumes barbares du Kent (Jutes, Canterbury), Sussex (Saxons du sud, Chichester), Wessex (Saxons de l'ouest, Winchester), Essex (Saxons de l'Est, Colchester, Londres ).

            Chez les Bretons, les dissensions et querelles prennent de plus en plus d'ampleur. La corruption gagne aussi. Beaucoup de chefs ont abandonné la partie, beaucoup sont déjà morts; d'autres ont préféré gagner le nord de la Gaule, où le climat politique est meilleur et moins corrompu. Il semble même que notre héros national Merlinus, le pendragon d'Arthur, ait décidé de demeurer en Petite Bretagne armoricaine.

            Finalement, Arthur, déjà âgé, est désavoué ouvertement par un grand nombre de ses barons, parmi lesquels celui qu'il a désigné son fils adoptif et successeur, son propre neveu Mordret.

... et les Britto-romains finissent par s'entretuer à Camlann !

Retour en tête de page