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Chapitre XII

La Bretagne dans le tourbillon du IIIè siècle

( compte tenu de la matière à traiter, ce chapitre est publié en chapitres séparés)

(utiliser les liens)

 

            1. Anarchie généralisée dans l'Empire. 217 / 257.

            A partir de 212, la province romaine de Bretagne va connaître une assez longue période de paix qui contraste curieusement avec l'extrême gravité des troubles au sein de l'empire romain.

            Jamais encore jusqu'à présent on n'aura vu une telle pagaille. Les "empereurs", après des "règnes" très souvent éphémères, meurent tous de mort violente, assassinés, empoisonnés ou contraints au suicide.

            Ce catalogue à tombeau ouvert commence par le meurtre de Caracalla, assassiné le 08 avril 217 près d'Édesse par un prétorien agissant pour le compte de Macrin. Rappelons tout de même que l'histoire accuse ce même Caracalla d'avoir lui-même empoisonné son propre père et d'avoir assassiné son propre frère dans les bras de sa propre mère !

            Macrin est "expédié" lui-même dans un monde supposé meilleur en même temps que son fils, en 218, près d'Achélaïde, par ses propres soldats.

            Le pouvoir passe alors à Élagabal, âgé seulement de quatorze ans et néanmoins déjà "Grand Prêtre" du dieu syrien Baal. Il est liquidé, en même temps que sa mère, le 11 mars 222.

            Alexandre Sévère, que l'on tente de faire passer pour un fils naturel de Caracalla est victime d'une sédition militaire à Mogontiacum / Mayence en 235.

            A la suite de quoi un certain Maximin se fait proclamer empereur, situation peu enviable et peu conseillée pour l'époque, puisqu'il se fait trucider à son tour par ses propres soldats à Aquilée en 238.

            Sacrée ambiance ! ... et ça n'est pas fini !

            Gordien Ier, le suivant, et Gordien II, son fils, trouvent la mort en Perse en 238, trahis par Philippe, le préfet du Prétoire.

            Puis les Philippes I et II, d'origine arabe, se font éliminer en 249 par Decius lequel, deux plus tard à peine, trouve lui-même la mort à Abrytus en octobre 251 du fait de la trahison de Trebonius Gallus, gouverneur de Moesie.

            Ce même Gallus, ainsi que son collègue Volusianus, sont battus et liquidés à leur tour par Aemilianus, qui est proclamé empereur en juillet 253. L'espace d'un instant, et Aemilianus est tué par ses propres soldats !

            Pour faire face à cette situation désastreuse, l'Armée, qui pressent une crise encore plus grave, comme si cela était encore dans le domaine du possible, donne le pouvoir à Licinus Valerianus. Celui ci, voulant préserver l'Empire romain sur ses frontières de l'Est tombe en 259 dans un piège tendu par le Shah-Por, roi des Perses. Valérien meurt dans une captivité dégradante dont l'Empire romain tout entier ressent la terrible humiliation. Valérien est exécuté, son corps évidé, et sa peau tendue comme celle d'un bœuf et exhibée comme trophée devant la demeure du roi des Perses.

            Mais si la situation de l'Empire est grave à l'Est, elle l'est aussi sur les frontières du Rhin, car celle-ci, après avoir tenu solidement pendant près de trois siècles, vient de craquer à son tour, laissant s'infiltrer des hordes barbares Alamans et Francs qui se permettent le luxe, en 257, de traverser les Gaules de part en part et d'aller assiéger et mettre à sac la ville de Tarraco / Tarragone en Espagne.

            La situation est maintenant au comble de la tragédie car plus personne n'a confiance en cet empire, tant dans son organisation que dans ses dirigeants.

            L'abcès finit par crever par le soulèvement en Pannonie du général Ingenius. Aussitôt Gallien, le fils de Valérien, marche contre Ingenius, laissant le pouvoir à son fils Valérien le Jeune, encore enfant, sous la tutelle de Sylvanus, commandant de la Germanie Inférieure (cap : Colonia Ara Agrippinensis / Cologne).

            Ce choix de Gallien en faveur de Sylvanus provoque à son tour le désaccord de Posthumus, général qui avait été nommé conseiller de Gallien par Valérien l'Ancien avant le départ de celui-ci pour la Perse, et qui avait grandement contribué à débarrasser les Gaules des hordes barbares. Posthume estime avoir de ce fait la priorité sur Sylvanus. Pour rendre la situation encore plus compliquée, il se trouve que Posthumus lui-même se trouve débordé par la fureur de ses propres troupes qui vont elles-mêmes mettre le siège devant Colonia Ara Agrippinensis / Cologne où se trouvent Sylvanus et Valérien le Jeune. Cologne est investie vers le milieu de 257 par les troupes de Posthume. Sylvanus et Valérien sont pris et exécutés.

            Posthume, complice malgré lui de ce forfait, na plus guère pour essayer de sauver sa propre tête d'autre issue que d'accepter le pouvoir impérial que lui offrent ses troupes, au moins an Gaules.

            Mais la dissidence s'avère bien plus importante car rapidement l'Espagne, la Germanie romaine et la Bretagne romaine rallient le parti de Posthume (1). La rupture est donc consommée avec Rome par la naissance de cet empire parallèle, que l'on appellera plus tard, abusivement d'ailleurs, l' Empire gaulois.

             Vous n'avez pas tout compris ? Rassurez vous : vous n'êtes pas le seul. Il suffit de relire plusieurs fois ce qui vient d'être écrit pour commencer à comprendre le sens du mot : déliquescence !

notes : Anarchie généralisée

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