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Brécillien / Bréssillien Brekillien

 

  dernière mise à jour de la page, le : 14/10/2008 10:20:44        

 

En venant de la route de Gourin - Rostrenen

(au carrefour du camp de fouilles de la statuette à la lyre)

regardant vers le nord

 

En venant du bourg de Paule

(route directe du bourg de Paule à Glomel)

regardant vers le sud

i

Extrait du cadastre de 1825. Le nord est à droite.

Couleurs rajoutées par JC Even : point rouge : la motte de Bressillien; point bleu : source de Saint-Symphorien / Liors ar Comper; points verts : Kastell bras, camp de fouille où ont été découvertes les statuettes

Extrait des notes des noms de lieux dans : Emgann Karaez / La bataille de Carohaise, JC Even, 1996.

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Brécilien, ou Bréssilien : Nom de lieu en Paule, tout près duquel se trouvait une enceinte de terre, à proximité de la route de Carhaix à Vannes, à 13 km de Carhaix. Selon Gaultier du Mottais, il s'agissait d'une enceinte circulaire de 45m de diamètre. Selon l'ancien cadastre, elle se présentait sous une forme ovoïde de 100m et 80m d'axes, le grand axe orienté nord-ouest / sud-est, avec douves. Son emplacement figure sur les plans de fouilles du chantier de Kastell Bras / Castellodic, entre Saint-Symphorien et Brécilien. L'enceinte a été arasée lors d'un remembrement. Frotier de la Messelière fait apparaître un chemin, présumé gaulois, reliant directement Brécilien à Mezle (Château de Maël-Carhaix), au Castel Duault et à Callac (Botmel ?) par Pont Vereguès. Cette idée a été reprise par A. Le Diuzet.

Formes anciennes : Brecelyen (François Moal, Paule ..., p 30); Brécilien (La Messelière).

Étude étymologique :

C'est une erreur de considérer que ce nom est basé sur la racine Bré- = montagne, colline, hauteur, car le site se trouve entre un point bas, un vallon humide, à la côte 208 et un point haut, Coatulas, endroit de passage d'une route gauloise importante, à la côte 225. Le site de Brécilien est entouré de toutes parts de points plus élevés, sauf au nord-est, échappatoire du marais en direction de Botlan, à la côte 198 et du bourg de Paule.

Ce nom dérive en fait d'une racine gauloise ou pré-gauloise bracu-, signifiant vallée, marais et qui a donné le français brai et l'ancien provençal brac, boue.(Dauzat). Il a donné de nombreux lieux-dits en France, dont les formes anciennes varient en Brax, Brays, Bras- ensi.., Bras, Braccio, Bractio, Braus, Braoes, Braos, Bray, Braeium, Braiacum, Brayo, Graium, Brec, Bracia, Braciosum, Bracu, Brascum, ...

Le même auteur donne pour étymologie de Brouck, en Moselle, les formes Brocchi, 1178; Bruco, 1236 et les racines Vieux haut allemand bruoch, lieu marécageux; moyen néerlandais broec, marais ...

Pour les racines anglaises, Eilert Ekwall apporte le Vieil-anglais bræc, signifiant marais et présent dans le Vieux haut allemand bruoh, le Bas-germanique brôk, le Moyen-néerlandais broek et l'anglais du Kent brook = prairie humide, basses terres marécageuses et enfin l'anglais moderne brook = ruisseau. Son collègue Onions précise qu'il s'agit d'une racine d'origine inconnue.

Jean Markale donne quasiment l'explication de la racine Br°k: (Christianisme celtique, p 238):

" A Brennilis (Finistère), Notre-Dame de Breac'h Ilis veille sur les marais de Yeun Elez, où se trouvent, d'après une tradition locale, les portes de l'enfer", apportant ainsi l'identité de sens entre breac'h = marais, et yeun (en gallo : gaine) = marais !

On peut même citer le cas de l'aqueduc romain Aquae Traiana, d'une longueur de 32 km, qui prend sa source au lac de Bracciano.

On peut ajouter à cette énumération le nom de la Bresle (Brixella ?), rivière marécageuse s'il en faut, qui prend sa source au Bois à Saules, entre Hadancourt et Abancourt, au passage exact de la route romaine de Rotomagus / Rouen à Samarobriva / Amiens et qui débouche entre Mers et Le Tréport. Celle-ci permet de retrouver une forme diminutive (ou accusative) en -cella ou -cillus / -cillianus de la racine *Bracu pour expliquer *Bréc-ilien qui, vérification faite in-situ, désigne réellement l'extrémité en amont et le départ d'un vallon humide.

L'humidité est d'ailleurs ambiante autour de Brécilien, si l'on observe les autres toponymes révélateurs voisins : Paule (lat. palus > bret poul = mare), prat ar wern, kervern (-verno > bret gwern = aulnaie), Coat ar Scaon (probabl. skaven = sureau), Prat ar Bouilhen (indo-eur. bugh : marais, terrain fangeux), Parc ar Feunteun (fontaine), Kerloguennic (lagenn = bourbier + ic = soit diminutif, soit accusatif), Kervoazou ( gwaz = ruisseau), etc.

Le site de Brécilien est directement lié à celui de Saint-Symphorien, aussi bien du point de vue du réseau routier que de celui des sources. Voici ce qu'en dit Emile Guyomard :

" Les Romains avaient un camp, au village de Bressilien en bordure de la route Vannes-Carhaix. Ce camp qui domine à la côte 230 et duquel on pouvait apercevoir Carhaix a été rasé récemment lors du remembrement. Il était encadré par deux zones humides d'où l'eau émerge en abondance : St Symphorien et Koat ar Skao... Les sources de Koat ar Skao en réalité sont moins abondantes que celles de Saint Symphorien. Ces dernières alimentent depuis 1960 une grande partie de la commune de Paule et n'ont jamais tari même durant l'été 1976 qui fut si sec puisqu'il vit le tarissement presque total de toutes les sources de la région. Nous pensons qu'il faut attacher une grande importance au ruisseau qui se forme là et qui se jette dans le canal à l'écluse de Trémalvézan".

Autrement dit, Brécilien et Saint-Symphorien forment un couple indissociable et vital pour l'alimentation en eau de la région. Ils forment donc l'autre extrémité du cordon ombilical de Carhaix que constitue l'aqueduc. De ce fait, Carhaix implique Brécilien et réciproquement. Le site est donc sacré !

Note : Emile Guyomard semble identifier le camp de Brécilien avec Coatulas ou avec Kastell Bras / Castellodic, ce qui est une erreur. De l'ancienne motte de Brécilien, située dans un vallon barré à l'ouest, on ne pouvait pas apercevoir Carhaix.

 

point rouge : Carhaix / Carohaise; point bleu : Brécillien / Brocéliande; point vert: Castellaoüenan / Château de Liesse.

 

     

 

Panneau de signalisation routière d'arrivée au village de Bréssilien. 2004    

Étude étymologique, extraite des notes des noms de lieux dans : Emgann Karaez / La bataille de Carohaise, JC Even, 1996.

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Brocéliande : nom de lieu renommé dans les Romans arthuriens, en tant que lieu de rencontre de Merlin et de Viviane. Il a été localisé, selon la tradition de Raoul de Gaël, à Brocéliande, dans la forêt de Paimpont.

Différentes formes écrites :

A. Micha : Briosque;

F. Bellamy : Breseliande(a) XIIè, Brécilien 1467 (Usements ...); voir aussi la liste des formes anciennes des noms établie par F. Bellamy en relation avec Brécilien.

De Bellevue : Brésilianda, 1180

B. Tanguy : Brescelien, Brecheliant, Breselianda.

Ouvrages divers : Brecelien 1467, Brexilien 1513.

Selon Jean-Yves Le Moing : " Le nom de Brécilien attribué à la forêt de Paimpont ne correspond qu'à un lieu-dit de cette commune. La forme Brocéliande apparaît comme une francisation récente, peut-être influencée par les termes gallo-romans brosse (buisson) et lande. Un autre lieu, Bercelien en Plouer-sur-Rance, paraît avoir la même origine. On y associe classiquement un nom d'homme, Silien, ou plutôt Sulien..."

Bernard Tanguy précise également que ce nom a été abusivement bretonnisé en Brékilienn.

La forêt mythique de Brocéliande :

On peut lire actuellement, dans les diverses publications touristiques et folkloristes qui ont la prétention de traiter de Brocéliande, qu'avec ses 8000 mille hectares, l'actuelle forêt de Paimpont correspondrait à la partie la plus importante - bien qu'infime - de la forêt de Brocéliande ou de Brécélien citée dans les Romans arthuriens. Voir entre autres la revue ¨Pays de Bretagne', n° 2, ou Maud Ovazza (La forêt de Brocéliande, 1986, 1994). La forme conditionnelle apparente de cette assertion, sous-tendue par les différentes identifications in-situ de thèmes prétendument arthuriens dans la forêt de Paimpont se résume, dans l'esprit du lecteur ou du public non averti, quoi qu'on en dise, à une forme affirmative de l'équation :

forêt de Paimpont = forêt de Brocéliande.

L'idée de l'existence d'une grande forêt centrale au cœur de l'Armorique avait germé dans l'esprit de La Borderie, dès 1861. Elle a été reprise comme une vérité incontournable par la suite par de nombreux commentateurs néo-romantiques. On peut même ajouter à ces auteurs des publications à orientation pédagogique, telle l' Histoire de la Bretagne et des Pays celtiques, publiée par Skol Vreiz, en 1970, pour les classes de 6è et 5è, des origines à 1341 (cartes p 17, 49, 55). Le principe était, partant des mentions du nom de Brécélien et de ses variantes figurant dans les Romans, de relier entre eux tous les toponymes en Brécélien de Petite Bretagne, permettant ainsi de définir "... une grande région forestière couvrant pendant trente lieues tout le centre de la péninsule et portant d'un bout à l'autre ce nom fameux de Brocéliande, Brecelien ou Brecilien..." (La Borderie, p 45), et une aire allant, selon J. Loth, de l'est à l'ouest, de Guichen à Paul ou à Plouguernével, sur une longueur de trente lieues, et du nord au sud, de Corlay à Camors sur une largeur de douze à treize lieues".(Émigration bretonne, p. 65-66).

Cette interprétation, qui a eu sa période de gloire à l'époque des celtomanes, est désormais largement battue en brèche et formellement contredite aujourd'hui par la perspicacité des historiens et des archéologues.

Si Auguste Dupouy disait qu' "...il n'est pas impossible que le nom de Brocéliande se retrouve dans celui de Brécilien ", il ajoutait par contre " On en a cru un peu vite le notaire-archéologue de Montfort-sur-Meu qui prétendit, il y a cent vingt ans, avoir trouvé à la lisière de la forêt de Paimpont, dont Brécilien fait partie, les tombeaux de Merlin et de Viviane 'son épouse' (p80). On voit à quel point l'utilisation du nom de Brécilien est équivoque.

Si Ogée avançait qu'en 1780 la forêt de Paimpont atteignait 23000 arpents, soit 11635 hectares, ce qui est loin de représenter la superficie de la pseudo forêt centrale, ses continuateurs contestaient déjà cette affirmation en 1845 en disant que "Cette forêt... ne pouvait avoir cette superficie en 1780, puisque aujourd'hui elle n'a réellement que 6070 hectares : c'est-à-dire à peine 12000 arpents".

L. Pape, dont le sentiment est également parfaitement clair et opposé à ce propos a, dans la Civitas des Osismes, p 46-47, fait l'exposé des recherches de Le Lannou et de Couffon, affirmant pour son propre compte "Nous sommes intimement persuadé que les forêts étaient encore moins nombreuses à l'époque romaine car la crise finale du Bas-Empire s'est traduite par un abandon de certaines régions cultivées auparavant et leur retour à l'état de friche. Il y avait certainement beaucoup plus de lande que de forêt dans cet intérieur, car la forêt est précaire en Bretagne et se reconstitue très mal..."

Le même auteur, auquel je rattache mon propre sentiment, se demande plus loin avec raison et clairvoyance "... pourquoi Kerviler, Loth et La Borderie arrêtaient la forêt centrale à la région de Rostrenen et n'y englobait pas les régions boisées de Poullaouen et du Huelgoat ...".

Ce qu'il ne savait pas encore au moment où il écrivait ces lignes, c'est que le besoin actuel de mystification en faveur de la forêt de Paimpont est tel que dans certaines publications on n'a même pas hésité à insérer des photographies, d'ailleurs superbes, de cascades d'eau de la forêt de Huelgoat, sans mention de leur origine, justement pour faire croire au béotien qu'elles se trouvent dans celle de Paimpont, qui n'en possède pas. Il s'agit là, disons le bien fort, d'une supercherie inacceptable pour la sauvegarde de notre crédibilité, de notre honnêteté et de notre dignité nationale.

On peut aussi reprendre les propos de J.Y Le Moing, suivant ceux déjà donnés ci-dessus : "Le fait de relier les différents lieux portant ce nom par une forêt mythique ne repose sur aucun fondement que la poésie et les légendes associées aux romans de la Table Ronde. "

A. Chédeville (la Bretagne des saints et des rois, p 41-42) apporte une conclusion on ne peut plus simple et directe : "L'Armorique à l'arrivée des Bretons n'était donc ni couverte de forêts, ni vide d'hommes", et se voit confirmé par P. Galliou (l'Armorique romaine, p 88) : "Il est vrai que divers travaux de terrain effectués dans le centre de la Bretagne ont sensiblement modifié l'image traditionnelle d'une région déchirée entre un Armor riche et peuplé et un Argoat pauvre et désertique et ont définitivement éliminé le mythe de la 'grande forêt centrale' , (selon un renvoi à J.F Eveillard, 1975, ch. IX).

Enfin, qu'il me soit permis de soulever la question suivante :

Cette 'forêt centrale' , si elle avait existé, se serait donc trouvée au centre de quoi ?

- certainement pas au centre de l'Armorique romaine, car ce nom ne désigne absolument pas la Bretagne actuelle, mais l'ensemble des territoires des provinces lyonnaises IIè et IIIè réunies, au nord de la Loire et à l'ouest de la Seine, jusqu'à la mer, englobant, outre la Petite Bretagne actuelle, le Maine, l'Anjou, la quasi-totalité de la Normandie (sauf le Pays de Caux) et la Touraine super-ligérienne.

- certainement pas au centre de la Petite Bretagne de l'époque anté-nominéenne, puisque celle-ci ne comprenait ni la cité des Riedones, ni celle de Namnètes, ni de l'époque arthurienne, puisqu'elle n'englobait toujours pas la cité des Vénètes. Or, Paimpont se trouve à l'extrême est de la cité des Curiosolites, justement en bordure de celle des Riedones. Elle est donc totalement excentrée par rapport à la Bretagne d'avant Nominoë

- certainement pas au centre du berceau de la Bretagne originelle, puisque celui-ci allait seulement de la Manche à la ligne de crête des Monts d'Arrée et de l'embouchure de l'Aulne jusqu'à la source du Leff, c'est-à-dire par définition un territoire situé entièrement en dehors des limites de cette pseudo forêt centrale !

- mais peut-être alors se trouve t elle alors au centre d'un imaginaire quelconque, c'est-à-dire dans le saint des saints d'une génétique fantasmagorique et irrationnelle du néo-romantisme arthurien ?

Selon Petit Larousse Illustré : irrationnel = ... inintelligible et inexplicable".

Finalement, cette grande Forêt centrale pourrait très bien se trouver dans le Pays du Milieu de la cité ossisme originelle, c'est-à-dire la Carmélide, c'est-à-dire le Pays de Carhaix. Voir Encyclopédie, étude de la racine metl-.

Toponymes issus directement de la racine *BR°K en Bretagne armoricaine :

- Castel Brechet ou Kastell, en Plounéour-Menez, 29202;

- la Brechallerie, en Pannecé, 44118;

- Brech, nom de commune, 56023;

- Pont Brech, en Brech, ci-dessus;

- Pont Brech, en Plumergat, 56175, sur la rive opposée à celui cité ci-dessus;

- er Brechenne, en Saint Philibert, 56233;

Toponymes rattachables à la racine *BR°K en Bretagne armoricaine :

- Brennillis = *Breac'h Ilis (J. Markale).

Conclusion de la présente étude :

la Brocéliande historique correspond au lieu-dit Brécillien, en Paule.

autres photos en préparation; skeudennoù all war ar stern

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Pep gwir miret strizh. Arabat adskeudennin.

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