| 
       Ogée. 1779 :  
      
        
          Vitré;
          aux bords de la Vilaine et sur le penchant de deux collines, par les 3°33'
          de longitude, et par les 48°8' de latitude; à 7 lieues 3/4 à l'E.
          de Rennes, son évêché. 
          Quatre
          grandes routes aboutissent à cette ville, qui est considérable par
          son  étendue; elle est plus longue que large, et se termine
          d'un bout par le château, qui est de figure triangulaire et flanqué
          de trois grosses tours fort hautes, dans les trois angles, et de
          plusieurs autres moins grosses sur les côtés. La ville n'a qu'un
          simple mur et trois portes. On y remarque une église collégiale;
          trois paroisses qui sont : Sainte-Croix, dont la cure est à
          l'ordinaire; Saint-Martin, dont la cure est à l'alternative; et
          Notre-Dame, aussi à l'alternative; les couvents des Bénédictins,
          des Augustins, des Jacobins, des Récollets, des Bénédictines, des
          Hospitalières, des Ursulines, et l'hôpital; une maison de retraite,
          un collège, une juridiction des traites; une communauté de ville,
          avec droit de députer aux États de la province; une subdélégation,
          et les postes aux lettres et aux chevaux. On y compte 8,000 habitants.
          Il s'y tient un marché le lundi de chaque semaine et plusieurs foires
          par an. Ses armes sont de gueules au lion d'argent. Il s'y exerce
          plusieurs juridictions, savoir : la baronnie de Vitré, haute-justice,
          à M. le duc de la Trimouille; cette juridiction ressortit
          directement au Parlement, comme haute-baronnie de la province, donnant
          le droit de présider aux États; les traites et gabelles,
          haute-justice, au roi; Bourg, haute-justice; Launaye, idem; le
          Plessis, idem; Rouvraie, idem; et Trozé, idem, à
          M. du Plessis d'Argentré; Baudière, haute-justice, à M. de Cucè;
          la Bouessière, haute-justice; le Châlelet, idem; le
          Vau-Fleuri, idem, à M. Hay de Nétumières; le prieuré de
          Sainte-Croix, haute-justice, à M. le prieur titulaire; la Charronnière,
          haute-justice, et Roussière, idem, à M. la Moine de Grand-Pré;
          Saint-Sulpice, haute-justice, à Mme
          l'abbesse de Saint-Sulpice; le Temple de La Guerche, haute-justice, à
          M. le commandeur de La Guerche; la Motte, moyenne-justice, à M.
          Frain de la Motte; Plessis, moyenne-justice, à M. de Langle; la
          Bichelière, moyenne-justice, à M. Fournier; la Berue,
          moyenne-justice, à M. de Kersans; la Corbinaye, moyenne-justice, à
          M. Vauhoudain-Leziart; Baillé, basse-justice, au chapitre de Vitré;
          le prieuré de Saint-Serge, basse-justice, aux bénédictins de
          Saint-Serge d'Angers; Gazon, moyenne-justice, à M. Grimaudet;
          Saint-Yves, basse-justice, aux hospitalières de Vitré; la Guichardière,
          moyenne-justice, à M. de Kerambert; la Grande-Verge, basse-justice,
          à M. Bouverie de Gérard. 
          Malgré
          son éloignement de la mer, la ville de Vitré est très-commerçante.
          La principale branche de commerce consiste dans de grosses toiles de
          chanvre, dont les Anglais enlèvent une grande quantité pour leurs
          colonies d'Amérique, et qu'on emploie aussi à faire de petites
          voiles pour la navigation et l'emballage des marchandises.
          L'occupation des femmes et des filles est de faire des bonnets, des
          bas, des gants de fil, etc., qu'on envoie dans les Indes ou en
          Espagne. Le séjour de cette ville est très agréable; une position
          avantageuse, un air pur, le beau spectacle de la nature, y charment
          les étrangers. A la sortie de la ville est un très-beau parc, qui
          sert de promenade aux habitants. 
          On
          lit dans Morérice qui suit : «Vitré, en latin Vitriacum ou Vitruviacum,
          ville fort ancienne», bâtie long-temps avant Jésus-Christ,
          par Vitruvius, troyen de nation. Elle reçut la foi l'an70 de Jésus-Christ,
          par saint Clair, évêque de Nantes.» Ces deux assertions nous
          paraissent également fausses. La première n'est qu'une conjecture dénuée
          de vraisemblance, sans fondement, sans preuve. La seconde est détruite
          par mille raisons alléguées dans cet ouvrage en différents
          articles. (Voyez Nantes, ou l'on prouve que saint Clair n'existait que
          dans le troisième et non dans le premier siècle de l'Église).
          Quelle que soit son origine, il est probable que Vitré existait dans
          l'antiquité la plus reculée, et qu'elle était un des pagi ou
          bourgades des Rennais. Il est aussi probable qu'elle reçut de saint
          Clair les premiers documents de l'Évangile. L'histoire nous apprend
          que ce prélat y purifia deux temples, dont l'un, consacré au dieu Pan,
          était situé au bord de la Vilaine, dans l'endroit ou est
          actuellement le couvent des Augustins; et l'autre, consacré à Cérès,
          était dans l'endroit qu'occupé aujourd'hui l'église paroissiale
          de Notre-Dame. Toutes ces circonstances, rapportées par d'anciens
          historiens, ne méritent pas une entière confiance. On ne les
          rapporte que pour la fidélité de l'histoire. 
          Les
          premiers seigneurs de Vitré ne sont pas bien connus; quelques-uns les
          font descendre d'un Martin, comte de Rennes, dont l'existence n'est
          pas prouvée. Néanmoins, tous les historiens de Bretagne s'accordent
          à dire que la maison de Vitré était une branche de celle de
          Bretagne, et il n'est pas possible de nier un fait si généralement
          reconnu. Le premier dont on ait connaissance est Rivalon le Vicaire,
          fils ou petit-fils d'un comte de Rennes. On lui donne quatre enfants,
          dont l'un mourut sans postérité; les autres firent les branches de
          Vitré et d'Acigné. Leur mère, épouse de
          Rivalon le Vicaire, qui prenait le titre de vicomtesse de Rennes,
          fonda dans le onzième siècle le couvent des pères Augustins.
          Robert, baron de Vitré, et Berthe de Craon, son épouse, donnèrent
          en 1097, du consentement de leurs enfants, un vieux château et le
          terrain sur lequel il était bâti, aux moines de Marmoutiers. Ces
          religieux y bâtirent un monastère pour quatorze moines, et ce
          monastère forme maintenant le prieuré de Sainte-Croix (1). 
          Robert
          eut de son mariage deux enfants, André et Robert. André, l'aîné,
          épousa Agnès de Montrelais  (de Morlaix; le nom latin de
          cette ville étant Monte Risaluo, a trompé Ogée). En 1116, il ôta
          l'église de Notre-Dame aux chanoines qui la possédaient, et qui, par
          leur conduite déréglée, scandalisaient tout le peuple. Cette église
          fut donnée aux moines de Saint Melaine, qui en prirent sur-le-champ
          possession, et qui y vécurent tranquilles jusqu'à la mort du baron
          André, arrivée en 1135. Les moines exilés revinrent alors pour
          rentrer dans leur héritage, mais leurs efforts furent inutiles, et
          ils furent contraints de se retirer. Robert [Robert II], fils
          et successeur d'André, fut maître dur et barbare. Il traita ses
          sujets avec tant de cruauté, que le duc, après lui en avoir fait de
          sanglants reproches, lui ordonna de tenir à l'avenir une conduite
          plus modérée, et de réparer le mal qu'il avait fait. Celui-ci s'étant
          moqué du duc, le prince, indigné, marcha contre lui [1136], se
          saisit de ses places, et l'obligea à aller chercher un asile chez le
          baron de Fougères. Le duc, maître de Vitré, et le pape, qui avait
          été fortement sollicité à cet effet, pressèrent Hamélin, évêque
          de Rennes, de remettre les chanoines expulsés en possession de leurs
          biens, ce qui fut exécuté. Mais ces moines ne se conduisant pas
          mieux après leur châtiment qu'auparavant, ils furent encore chassés
          et les moines de Saint-Melaine leur succédèrent. 
          Cependant
          Conan, qui voulait pousser à bout le baron de Vitré, résolut de
          gagner le baron de Fougères, son protecteur, et il y réussit, en
          lui donnant la terre de Gahard et une partie de la forêt de Rennes.
          Robert, abandonné [Robert II], se retira chez Juhel, seigneur
          de Mayenne, que le duc gagna encore, en lui faisant épouser Constance, la plus jeune de ses filles, a qui il donna la baronnie de Vitré
          pour dot. Le baron de Vitré, encore chassé, eut recours au seigneur
          de Laval, son cousin-germain; qui lui aida à faire la guerre à ceux
          qui tenaient la baronnie de Vitré; mais il se lassa, et fut aussi séduit
          par les présents du duc. Pour dernière ressource, il ne restait
          plus au ... 
          ----------------- 
          (1)
          Nous avons cru qu'il valait mieux rétablir dans notre article toute
          la généalogie des barons de Vitré qu'annoter pas à pas notre
          auteur, qui a commis beaucoup de méprises. 
          ----------------- 
         
        
          ...
          baron que Guillaume de La Guerche, aussi son parent, qui lui fut enfin
          fidèle, et le servit avec beaucoup de chaleur. Les ravages que ces
          deux seigneurs faisaient forcèrent le duc à faire des levées et à
          entrer en campagne. Le seigneur de La Guerche et Robert, qui n'avaient
          pas de forces suffisantes pour se mesurer avec le duc, se mirent en
          embuscade dans les bois. Ils avaient avec eux André, fils de Robert,
          Thebaud de Mathefelon, son gendre, et le seigneur de Candé. Les
          troupes du duc filaient en désordre sur le pont de Visseiche, dans
          le territoire de La Guerche, lorsque Robert de Vitré, sortant
          tout-à-coup de son embuscade, les chargea avec vigueur, et les mit
          en déroute. Le vainqueur profita du bagage du duc, qui fut pris en
          entier. L'équipage de Judicaël, de Retz, et celui de Geoffroi de
          Malestroit furent aussi pris, et le tout fut conduit à La Guerche.
          Quelques bourgeois de la ville de Vitré, qui avaient aidé le duc à
          s'en rendre maître, se trouvant la conscience chargée, se rendirent
          à Rome pour avoir l'absolution du pape. Lucius, qui siégeait alors,
          leur ordonna de là faire restituer à son seigneur; ce qu'ils firent,
          par la même ruse dont ils s'étaient servis pour la livrer au duc
          (1). Robert y rentra, et y fit son accommodement avec le duc, par le
          moyen de ses amis. Il continua la guerre avec Judicaël, et il la
          finit par le moyen du mariage de son fils, qui épousa la sœur ou la
          fille de ce seigneur. Ce baron confirma en 1157 (il était mort
          alors; son fils André Il prit parti, en 1154, pour Conan contre Eudon, beau-père de
          celui-ci), la fondation du prieure de Notre-Dame, faite par le
          baron André en faveur de Saint-Melaine. Robert avait épouse Emme de
          Dinan, de laquelle il eut (deux) cinq enfants. En 1164,
          Garanton de Vitre donna à l'abbaye de Saint-Sulpice plusieurs biens,
          entre autres un morceau de terre, pour y construire une chapelle et un
          cimetière. André [André II], fils aîné et successeur de
          Robert [Robert III], épousa : 1° Matilde de Mayenne; 2°
          Enoquen de Léon; 3° Eustache de Dais (Eustasie de Retz]; 
          4° Laër [Luce] Painel. Robert [Robert III], successeur
          d'André, avait fait quelques dommages au prieuré de Sainte Croix,
          fondé par ses ancêtres pour quatorze moines. Les religieux
          s'étaient plaints à l'évêque de Rennes, qui avait sur-le-champ
          excommunié ce seigneur. Pour faire lever l'excommunication, il fut
          obligé d'abandonner pendant dix ans, une rente de vingt livres
          monnaie, que lui devaient les vassaux des moines; d'accorder à
          ceux-ci quelques droits sur les foires de Vitré, et de s'engager a
          défendre leurs biens envers et contre tous. En 1172, Robert donna la
          moitié des droits de la foire ... 
          ----------------- 
          (1) 
          Ils firent passer au baron Robert l'empreinte en cire des clés du château
          et de la ville. (Chron. de Vitré) 
          ----------------- 
         
       
      
      
        
        
          ...
          Sainte-Biaise au prieuré de Sainte-Croix. L'année suivante fut fondée
          l'aumônerie de Vitré, qui fut donnée à l'abbaye de Marmoutiers.
          Robert laissa de son épouse, N. de Dinan, deux enfants, André et
          Alain. André lui succéda. Rolland, seigneur de Dinan, se voyant
          sans postérité, institua Alain pour son héritier, à condition
          qu'il prendrait le nom de Dinan. André (André III), du
          nom, fonda, en 1209, la collégiale de Vitré, dans la basse-cour
          de son château, et y établit neuf chapelains ou chanoines. Pierre de
          Dinan, évêque de Rennes, y en établit trois autres. Cette
          fondation fut ratifiée par l'évêque et le chapitre de Rennes. En
          1230, André rendit hommage-lige au roi saint Louis, dans son camp
          devant Ancenis, pour la baronnie de Vitré, qui est un arrière-fief
          de la couronne. Le duc Pierre de Dreux, qui avait engagé les barons
          à faire hommage au roi d'Angleterre, qui se trouvait alors en
          Bretagne avec une puissante armée, fut très-irrité de cette démarche
          du baron de Vitré; mais celui-ci, persistant dans sa résolution,
          fortifia ses places et se prépara à faire une vigoureuse résistance,
          s'il était attaqué, soit de la part des Bretons, soit de la part des
          Anglais, qui avaient déjà mis des garnisons dans plusieurs places
          fortes. Il ne paraît pas qu'il ait été attaqué. En 1237, le duc de
          Bretagne remit à perpétuité le bail en rachat. André épousa en
          premières noces Catherine de Thouars (ou de Bretagne, fille de la
          duchesse Constance], ont il eut une fille nommée Philippe; ensuite
          Thomasse de Mathefelon [erreur : V. nos notes ci-dessous,
          paragraphe Histoire féodale], dont il eut André IV, tué a la
          malheureuse bataille de la Massoure [1250], qui fit périr tant de chrétiens
          et mit le roi lui-même dans les fers des infidèles. André n'avait
          point été marié; Philippe, devenue par la mort de son frère
          baronne de Vitré, épousa Gui de Montmorenci, dit Laval, dont
          elle eut Gui VII, père de Gui VIII. [Idem.] Celui-ci assista
          à la bataille de Monsenpuelle [Mons-en-Puelle], en 1304. Gui
          IX, son fils, seigneur de Laval et de Vitré, eut de Béatrix de
          Bretagne Gui X, qui mourut sans lignée, et Gui XI, qui ne laissa
          qu'une fille, nommée Anne,  dame de Laval, de Vitré, de
          Gaure, d'Aquigni, de Châtillon-en-Vendelais, d'Aubigné, etc. Cette
          riche héritière prit en mariage Jean de Montfort de Kergorlai, qui,
          par son contrat, s'obligea à porter le nom et les armes pleines de
          Laval. Il prit le nom de Gui XII, et succéda à tous les biens
          de la maison de Laval. Son épouse, avant son mariage, obtint du duc
          Jean V la permission de lever un octroi sur ses sujets de Vitré pour
          la réparation de sa ville, permission qui fut encore depuis renouvelée
          en sa faveur; elle fit construire un très-bon rempart pour la défense
          de cette ville en 1448. 
          Après
          la mort de son mari, la baronne de Vitré eut un différend avec
          Jacques d'Épinai, cet évêque de Rennes si célèbre par la fierté
          et la fougue de son caractère. Voici quelle en fut l'occasion. A
          l'entrée des évêques de Rennes, les seigneurs de Vitré avaient le
          droit de porter un des bras de la chaise du prélat, et, en récompense
          de ce service, le cheval que l'évêque montait ce jour-là leur
          appartenait. Les seigneurs d'Aubigné pouvaient aussi s'emparer des
          vases, vaisselles et ustensiles qui servaient à la cuisine épiscopale
          le jour de cette cérémonie. A l'entrée de Jacques d'Épinay, la
          comtesse et son fils, ne pouvant remplir par leurs mains leurs
          obligations, avaient chargé quelques gentilshommes de leur
          procuration. Le prélat, qui n'aimait pas la maison de Laval, saisit
          cette occasion de molester la comtesse; il retint la batterie de
          cuisine et le cheval, fit chasser les procureurs de la comtesse et de
          son fils, et les excommunia. Non content de cela, il fit saisir un des
          officiers de justice du comte et un de ses vassaux, les fil mettre en
          prison, et fit maltraiter le vassal parce qu'il avait tenté de s'échapper
          de son cachot. Le traitement qu'on avait fait essuyer à ce malheureux
          était si cruel, qu'on lui avait fait des blessures dangereuses, qui
          exigeaient les soins d'un chirurgien; mais l'évêque, inhumain, ne
          voulut point permettre de laisser entrer celui qui se présentait pour
          panser les blessures du paysan. Son ressentiment contre la comtesse
          fut poussé si loin qu'il fit refuser la sépulture à un autre de ses
          vassaux qui avait été tué. 
          La
          dame de Laval, désespérant de l'apaiser, jugea devoir prendre des
          mesures pour se garantir des effets de sa haine. Elle porta ses
          plaintes au Pape, et le supplia de la délivrer de la juridiction de
          son ennemi. Le Saint-Père, qui connaissait le caractère de l'évêque
          de Rennes, craignant qu'il ne s'élevât entre les vassaux de l'évêque
          et ceux de la comtesse une guerre ouverte, scandaleuse et cruelle, ou
          que le prélat ne commît lui-même des injustices criantes envers cette
          dame, fit attention à sa requête, et donna une bulle qui portait
          que, durant l'épiscopat de Jacques d'Épinay, la comtesse, son fils,
          leurs officiers et leurs vassaux, ne reconnaîtraient d'autre
          jurisdiction spirituelle que celle de l'archevêque de Tours, et déclara
          nul et de nulle valeur, sans fondement et sans conséquence, tout ce
          que l'évêque de Rennes actuel pourrait faire contre eux. 
          Gui
          XIII succéda à Raoul de Montfort, son aïeul paternel, aux terres de
          Montfort, de la Rochebernard, etc. Il eut de sa première femme,
          Isabeau de Bretagne, Gui XIV, mort sans postérité, et Jean, père de
          Gui XV, gouverneur et amiral de Bretagne, qui de sa première femme,
          Charlotte d'Arragon, princesse de Tarente, fille aînée de Frédéric,
          roi de Naples et de Sicile, eut Anne de Laval, mariée en 1521 à François
          de la Trimouille, dont sortit Louis, IIIè du nom, premier duc de
          Thouars, prince de Talmond, qui épousa Jeanne de Montmorenci, de
          laquelle naquit Claude, duc de Thouars, époux de Charlotte-Brabantine
          de Nassau, et père de Henri, duc de Thouars. Celui-ci prit en
          mariage, en 1619, Marie, seconde fille de Henri, duc de Bouillon,
          prince de Sedan, vicomte de Turenne, maréchal de France; présida à
          l'ouverture des États de Bretagne, le 17 septembre 1636, et 
          mourut en 1674. Henri-Charles, son fils et son successeur, épousa Amélie,
          fille du prince souverain de Hesse-Cassel, de laquelle il eut Charles-Belgique-Holland,
          qui épousa l'héritière de Crequi, de laquelle il eut Charles
          Bretagne, duc de Thouars, marié, en 1717, à Marie-Magdeleine de la
          Fayette, qui lui donna un fils, nommé Charles-Armand-René, duc
          de Thouars, prince de Tarente et de Talmond, baron de Vitre, etc. 
          
            
              En
              1400, le territoire de Vitré
              renfermait plusieurs maisons nobles, savoir : la Galionaye, à
              Jean du Maz; le Gast, à Pierre de Mebernard; le Plessis, à Jean
              Javignier; Chantelon, à Jeanne de la Patrière; l'Aunai et Pontbillon,
              au seigneur de Vitré; les métairies des Rochières, du Boullai,
              de la Ferrière, de la Baillerie, de la Marre, de Clerheult et de
              la Billonière, à Guillaume de Sévigné; la Morandière et la
              Ripuière, à Robert de Préauvay; la Haute-Morandière, à Gilles
              Sanczon; la Ruelle, à Jean le Vover; la Chesnelière, à Jean Tehel; le Pont-Josselin, à André Rabault, et la Basnerie, à Jean
              Hardi.
               
              En
              1462, le duc de Bretagne établit à Vitré des ouvriers en soie,
              qu'il avait fait venir d'Italie. Par délibération des États,
              assemblés à Vitré en 1477, il leur fut accordé un moulin. Le
              duc leur accorda des privilèges de naturalité, et leur assura sa
              protection, tant pour eux que pour leur famille. — En 1488, Gui,
              comte de Laval, remit la ville de Vitré entre les mains du roi
              Charles VIII. Il usa de ruse pour exécuter ce projet : il
              introduisit, par une poterne, dans son château, les troupes
              françaises, qui n'eurent pas de peine à se rendre maîtresses
              de la ville, malgré les habitants. 
              En
              1588, le duc de Mercœur, qui avait déjà formé des projets,
              tâchait de s'emparer des villes de Bretagne. Il venait de se
              saisir du château de Blain; mais il y avait en Bretagne une
              ville bien autrement importante pour lui. Vitré était la seule
              place qu'on pût dire être du parti huguenot dans la province. Ne
              se sentant pas en état de la réduire par la force, il eut
              recours à la ruse, qui ne lui réussit pas. Les choses en
              restèrent là, parce que la rupture n'avait pas éclaté; mais,
              dès que Mercœur eut pris le parti de faire la guerre au roi, il
              résolut d'assiéger Vitré dans les formes. Cette ville était
              alors d'autant plus attachée au parti de la réforme, qu'elle
              était gouvernée par un seigneur de la maison de Coligni : aussi
              la religion calviniste y avait-elle fait de si grands progrès,
              qu'elle avait, au milieu de la ville, un prêche spacieux, qui
              sert encore aujourd'hui à l'assemblée des États, lorsqu'ils se
              tiennent en cette ville; de sorte que la comtesse de Laval, mère
              du jeune seigneur, n'eut pas beaucoup de peine à conserver les
              habitants dans leur opposition à la Ligue. Nous avons dit que
              Vitré n'avait que trois portes. Les deux qui sont aux deux bouts
              de la ville, à l'orient et au couchant, sont défendues par deux
              tours et par un ravelin qui les couvre. La troisième, qui est
              vers le milieu, à l'aspect du midi, est nommée la porte
              Gastecel; elle n'a point d'autre défense que la tour de
              Sévigné, qui est auprès. La place est entièrement commandée,
              du côté du midi, par le terrain, qui s'élève insensiblement.
              Le côté du levant, où est la porte d'enhaut, est fortifié par
              une fausse braye. Enfin, le côté du nord est un vallon escarpé
              et peu large, qui sert de fossés à la ville : ces fossés font
              le lit de la Vilaine, qui n'est pas fort considérable en cet
              endroit, et qui se divise en plusieurs bras que forment les
              petites prairies qui sont sur ses bords. Aux pieds du château
              sont des moulins à eau. Le duc de Mercœur se trouva fort
              embarrassé pour former ce siège, parce qu'il n'avait que peu de
              canons et de munitions, qu'il avait fait venir de Fougères; mais
              il y avait peu de gens dans la ville en état de la défendre. La
              rigueur des édits en avait éloigné la plus grande partie des
              protestants, qui n'avaient pu revenir depuis que le roi s'était
              réuni à eux. Cependant, comme on était instruit des intentions
              du duc de Mercœur, la comtesse de Laval avait eu la précaution
              de faire entrer dans la ville la noblesse des environs, à la
              tête de laquelle se trouvait René de Montbourcher, seigneur du
              Bordage; elle l'avait aussi pourvue de vivres et de munitions
              pour long-temps. Les assiégeants se logèrent sans peine dans les
              faubourgs, dont ils bouchèrent les avenues en dehors et en
              dedans. Leur premier soin fut de mettre leurs canons en batterie,
              sur la hauteur du champ de Sainte-Croix, qui est au midi de la
              ville. C'était l'endroit le plus faible, le fossé n'était pas
              profond, et le pied de la muraille était vu de la hauteur; mais
              aussi cet endroit était vu de la grosse tour du château, dont il
              eût été difficile de ruiner le flanc. La première sortie des
              assiégés fut heureuse; ils tuèrent un gentilhomme du
              voisinage, nommé du Taillis, et en prirent un autre, qui
              leur apprit que les assiégeants avaient changé de dessein, et
              que leur intention était d'attaquer la place par le coin de la
              tour des prisonniers, qui est plus haut, du même côté. Ils y
              pointèrent effectivement leur batterie, et leur canon, donnant
              un jour dans l'escalier de la tour, emporta les deux cuisses du
              sieur du Lac, commandant de la place, qui mourut sur-le-champ de
              sa blessure. Le seigneur du Bordage lui succéda. Quoique les
              assiégeants ne fissent pas beaucoup de progrès, vu leur petit
              nombre, les assiégés, après sept semaines, craignant enfin de
              succomber, voulurent essayer s'ils ne pourraient pas tirer du
              secours de Rennes. Deux de leurs capitaines descendent, pendant la
              nuit, avec des échelles de cordes, par dessus la muraille du
              nord, passent la rivière à la nage, et se rendent à Rennes par
              des chemins détournés. Ils s'adressèrent aux seigneurs de la
              Hunaudaie et de Montbarot, qui tinrent un conseil secret dès le
              soir, et qui résolurent d'envoyer un renfort, commandé par
              Lavardin, La Tremblaye et Montbarot. Ils partirent avec environ
              sept cents chevaux, et arrivèrent, par des chemins détournés,
              au point du jour, sur les hauteurs appelées les Terres noires [les Tertres noirs], près
              le faubourg de Rachapt, au nord [à l'ouest] de la ville,
              sans que les ennemis s'en fussent aperçus. Ils marchèrent
              sur-le-champ à l'attaque, et se rendirent maîtres du faubourg,
              mais ils ne purent se saisir des autres. Les ennemis, ayant
              reconnu leur petit nombre, tinrent ferme, firent sonner le tocsin
              dans les paroisses voisines, et virent arriver une foule de
              paysans sous leurs drapeaux. Le secours, ne pouvant faire lever le
              siège, entra dans la ville. Ce renfort devait désespérer les
              assiégeants; cependant ils n'en poursuivirent pas moins vivement
              leurs attaques. Les auxiliaires ne restèrent pas aussi
              très-long-temps à Vitré : les chefs, craignant pour Rennes, où
              ils n'avaient laissé que peu de troupes, prirent le parti de
              décamper. Ils firent construire, pendant la nuit, au son du
              tambour, afin de n'être pas entendus, un pont sur la rivière, et
              sortirent par la porte Gastecel. Heureusement pour Vitré, il ne
              passa qu'une partie des troupes; le pont s'étant rompu, le reste
              fut contraint de demeurer dans la ville. Montbarot et La Tremblaye
              furent de ce nombre; et, comme dans la suite ils manquèrent de
              fourrage, ils firent sortir leurs chevaux un à un par une fausse
              porte qui donne sur la rivière, et, dès qu'ils paraissaient, ils
              les tuaient à coup d'arquebuse, afin d'empêcher les ennemis
              d'en profiter. Depuis ce temps, cette porte s'appelle la porte aux
              Chevaux. Lavardin ne se rendit à Rennes que sur le soir,
              encore ne fût-ce qu'avec bien de la peine, ayant trouvé sur sa
              route les paysans accourus au son du tocsin. Le duc de Mercœur,
              qui avait donné le commandement du siège à Talhouet, s'y rendit
              enfin lui-même, dans l'espérance que la place ne tiendrait pas
              long-temps devant ses troupes. En conséquence, dès qu'il fut
              arrivé, il ordonna de faire une nouvelle attaque, au nord et à
              l'orient de la ville, à l'une des extrémités, entre la tour qui
              fait le coin et les deux tours voisines. Voyant que son artillerie
              ne faisait point d'effet, il donna ordre de miner sur-le-champ la
              tour du coin; mais, la mine ayant été éventée, la tour
              n'éprouva d'autre dommage qu'une légère commotion qui la
              fendit. Désespéré de voir ses projets si mal réussir, il fit
              continuer l'attaque du nord, et parvint à faire une brèche à
              la courtine, entre les deux tours, dont il ruina les flancs, ainsi
              que celui des autres tours qui pouvaient l'incommoder. On voit
              encore l'endroit de la brèche, qui a été réparé, avec une
              inscription (1); mais les flancs des tours ne l'ont pas
              été;  on a jugé plus a propos de faire des ouvrages en
              dehors. Pendant que durait cette attaque, que les assiégeants ne
              poussaient pas vivement, faute de canons, le due de Mercœur
              roulait d'autres projets dans sa tête. Il fit piller
              Châteaugiron et le bourg de Saint-Helier de Rennes, espérant
              que, par le moyen de ce tumulte, ses amis pourraient occasioner
              une révolution en sa faveur, et introduire des troupes dans la
              ville; mais il ne put réussir (2). Il ne fit pas donner d'assaut,
              à sa nouvelle attaque; et d'ailleurs il n'était pas facile d'y
              monter. Cet assaut ne pouvait même que lui être funeste, parce
              que les assiégés, désespérant de pouvoir défendre leur
              ancienne muraille, criblée de coups de canons, en avaient bâti
              une autre très-forte derrière celle-ci. Ces difficultés et
              l'arrivée du prince de Dombes à Rennes déterminèrent le duc à
              lever le siège, après avoir pillé et brûle les faubourgs, et
              cassé, à coups
              de canons, la cloche de l'horloge. Le siège ne cessa pas par la
              retraite du duc de Mercœur : les paysans tenaient toutes les
              avenues fermées et ne laissaient entrer aucuns vivres. Montsoreau
              partit de Rennes avec des troupes, et réduisit ces paysans à
              l'obéissance. 
               Le
              3 août de l'année suivante, peu s'en fallut que Vitre ne tombât
              au pouvoir de la Ligue. Guillaumc de Rosmadec-Meneuf, gouverneur
              du château de Vitré, gentilhomme très-affectionné au parti du
              roi, y avait laissé, en son absence, son beau-frère pour son
              lieutenant, celui-ci ne fut pas à l'épreuve des propositions
              du  duc de Mercœur, et voulut faire entrer dans le complot
              quelques-uns des officiers, qui, ayant rejeté avec mépris cette
              trahison, furent sur-le-champ chassés de la place. La difficulté
              était d'introduire les ennemis dans le château, qui n'a de
              communication au dehors que par un petit souterrain, du côté de
              la rivière, ou un
              seul homme peut passer. Ce fut cependant le seul endroit qu'il put
              trouver pour l'exécution de son dessein. Heureusement, au jour
              convenu avec les ligueurs, ceux que le traître avait chassés
              trouveront le moyen d'avertir un capitaine de la ville, nomme
              Ballon. Le temps pressait; car, dans le moment, celui-ci,
              ayant .../...
               ------------------- 
              I) Cette inscription a été conservée, grâce aux soins de notre ami, M. Pollet, mort bibliothécaire de la ville
              Vitre. Elle était ainsi conçue : Ceste. place. fust.
              assiégée. le. 22. de mars; la présente. breche. fust. faite.
              le. 23. de juin. le. dict. siège. fust. levé. le 14. d'aoust. par. la. crainte.
              de Henry. de. Bourbon. prince. de Dombes. la. dicte. brèche.
              refaite. le... bre. 1589. Henry. roy. de. France. et. de. Navarre.
               2)
              Ogée se trompe. Ce fut en 1592, et non en 1589, que Mercoeur
              ruina  Châteaugiron, se dirigeant sur la Basse-Bretagne.
              D'ailleurs, cette affaire n'eût pu exercer aucune influence sur le
              siège de Vitré.
               -------------------
              
           
          
            
              ...
              /... jeté
              les yeux dehors, aperçut Saint-Laurent qui poussait devant lui
              environ soixante hommes vers le souterrain. Il courut sur-le-champ
              sur la contrescarpe, et vit le grand pont et la planche levés.
              Il ne perdit point la tête dans ce péril pressant; il conçut le
              plus hardi projet dont on ait jamais eu d'exemple, et l'exécuta
              avec beaucoup de courage. Il se fit apporter un pétard et une échelle,
              avec laquelle il descendit dans le fossé, qui est profond et à
              fond de cuve, suivi de sept à huit hommes. Il planta son échelle
              contre le pilier de la muraille, entre les deux ponts, exposé aux
              arquebusades qu'on lui tirait des mâchicoulis, et dont il ne fut
              que légèrement atteint, puis, à la faveur de la petitesse de
              son corps, il se glissa entre la planche et la petite porte, y
              attacha son pétard, auquel il mit le feu avec une fusée assez
              courte, et se retira promptement, pour se placer le mieux qu'il
              put à côté du grand pont, afin d'éviter les éclats. Le pétard
              réussit, emporta la planchette dans le fossé et la petite porte
              en dedans du château. A l'instant, il se jeta dans la place,
              suivi de trois hommes seulement. Le traître, qui l'attendait, lui
              tira deux coups de pistolets, desquels il fut blessé; mais ce
              perfide ayant été tué, ceux qui  l'accompagnaient, étonnés
              de la valeur de Rallon, se rendirent à lui. Les autres, qui étaient
              à recevoir les soldats de Saint-Laurent, croyant Rallon mieux
              soutenu, prirent la fuite, et se retirèrent en lieu de sûreté.
              Le lendemain fut employé à la punition des plus coupables.
              Depuis ce temps, Vitré ne fut plus inquiété, et resta paisible
              sous l'obéissance du roi (1). 
              Les
              Révérends Pères Récollets furent reçus à Vitré, en 1610,
              par les habitants de cette ville; établissement qui fut confirmé
              par arrêt du Parlement, l'an 1611. — En 1621, le couvent des
              Pères Jacobins fut fondé, dans le faubourg de Saint-Martin de
              Vitré, par le seigneur de Nétumières. — Les États
              s'assemblèrent à Vitré en -1655, 1665, 1671, 1673, 1679, 1683,
              1697 et 4705 (2). 
              L'exactitude avec laquelle on doit rendre
              justice à tous les hommes célèbres ne permet pas d'oublier M. René-Jacques de Garengeot, de
              la Société royale de Londres, démonstrateur royal, chirurgien-major du régiment du roi,
              conseiller et chirurgien ordinaire du roi au Châtelet, né à Vitre, le
              16 juin 1688, et mort à Cologne, le 40 décembre 1759. Les ouvrages de
              ce célèbre Breton se trouvent dans les Opuscules de chirurgie, par M. Morand. 
              ---------------  
             
            
              (1)
              Le registre de la paroisse Notre-Dame rapporte, à la date du 16
              avril 1590 : Enterres 27 qui
              furent tués la nuit précédente, ayant entré par la poterne du
              château pour le surprendre. II est probable qu'il y a eu erreur
              sur la date du 3 août, généralement donnée à cet événement, et qu'il faut s'en rapporter au registre de Notre-Dame,
              confirmé par celui de Saint-Martin, qui dit : "Le mardi...
              avril 1590, à deux heures après minuit, massacre au château de
              Vitré de ceux qui voulaient le prendre; 16 tués, 3 pendus,
              dont M. de Martinais et M. de Pariers". — Vitré ne fut
              plus inquiété, dit Ogée; ce fait n'est pas exact. Les ligueurs
              tenaient  Châtillon-en-Vendelais, et les escarmouches dans
              les environs de la ville furent fréquentes, jusqu'à ce que le
              prince de Dombes eût enfin pris d'assaut cette place. — Mercœur
              songea encore, en 1592, à s'en emparer; mais le retour subit du
              gouverneur Montmartin, et sa présence à Vitré avec 1,200
              hommes, décidèrent le chef ligueur à se détourner de son
              chemin. Ce fut alors qu'il se jeta sur Châteaugiron et sur un
              faubourg de Rennes. (V. la note précédente.) 
              (2)
              Mme de Sévigné nous donne, dans une lettre du 5 août 1671, un
              tableau assez original des États de Bretagne. Nous lui empruntons
              les passages suivants : "M. de Chaulnes arriva dimanche au
              soir, au bruit de tout ce qui peut en faire à Vitré. Le lundi
              matin, il m'écrivit une lettre : j'y fis réponse par aller
              dîner avec lui. On mange à deux tables dans le même lieu. Il y
              a quatorze couverts à chaque table. Monsieur en tient une et
              Madame l'autre. La bonne chère est excessive : on emporte les
              plats de rôti tout entiers, et, pour les pyramides de fruit, il
              faut faire hausser les portes... Une pyramide, avec vingt ou
              trente porcelaines, fut si parfaitement renversée à la porte,
              que le bruit qu'elle causa fit taire les violons, les
              hautbois et les trompettes... Après le bal, on vit entrer en
              foule tous ceux qui
              arrivaient pour ouvrir les États. Le lendemain, M. le premier
              président, MM. les procureur et avocats-généraux du Parlement,
              huit évêques, MM..., cinquante Bas-Bretons dorés jusqu'aux
              yeux, cent communautés... M. d'Harouis vous écrira... Sa maison
              va être le Louvre des États ... C'est un jeu, une  chère,
              une liberté, jour et nuit, qui attirent tout le monde. Je
              n'avais jamais vu les États : c'est une assez belle chose. Je ne
              crois pas qu'il y ait une province rassemblée qui ait un aussi
              grand air que celle-ci. Elle doit être bien pleine, du moins,
              car il n'y en a pas
              un seul à la guerre ni à la cour... Les États ne doivent pas
              être longs. Il n'y a qu'à demander ce que veut le roi. On ne dit
              pas un mot; voilà qui est fait... Pour le gouverneur, il trouve,
              je ne sais pas comment, plus de 40,000 écus qui lui
              reviennent..., une infinité de présents, des pensions, des
              réparations de chemins et de villes, quinze ou vingt grandes
              tables, un jeu continuel, des bals éternels,
              des comédies trois fois la semaine, une grande braverie 
              (exposition de toilette), voilà les États. J'oublie trois ou
              quatre cents pipes de vin qu'on y boit; mais si je ne comptais pas
              ce petit article, les autres ne l'oublient pas, et c'est le
              premier."  
              Bien que le tableau
              tracé par Mme de Sévigné ait un grand mouvement, il est évident
              qu'elle n'a vu les États de Bretagne que par la fenêtre d'un salon. Il n'en est pas moins
              'vrai qu'une telle assemblée devait être pour une ville une source
              d'affaires de toute sorte, et surtout pour une petite ville comme Vitré, Dinan et autres, qui tour à tour
              obtenaient la faveur d'une tenue d'États. 
              --------------- 
              L'exactitude
              avec laquelle on doit rendre justice à tous les hommes célèbres
              ne permet pas d'oublier M. René-Jacques de Garengeot, de la Société
              royale de Londres, démonstrateur royal, chirurgien-major du régiment
              du roi, conseiller et chirurgien ordinaire du roi au Châtelet, né
              à Vitré, le 16 juin 1688, et mort à Cologne, le 10 décembre
              1759. Les ouvrages de ce célèbre Breton se trouvent dans les
              Opuscules de chirurgie, par M. Morand. 
              ***** 
             
           
         
       
     |